La commune de Cardroc

Cardroc est un petit village breton de près de 600 habitants situé à 30 kilomètres au nord de Rennes sur la crête rocheuse entre Hédé et Bécherel. Un village paisible où il fait bon vivre que vous allez découvrir, bon voyage dans notre petit paradis.

Cardroc et son architecture : 

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Eglise des 3 Maries : La paroisse de Cardroc fut créée au début de XIIIème siècle lorsqu’elle fut détachée de la paroisse de Tinténiac. L’abbaye des femmes de St Georges de Rennes, qui avait reçu le pays de Tinténiac dès sa fondation au début du XIème siècle, resta maîtresse de Cardroc jusqu’à la Révolution. Malheureusement il ne reste rien de l’église médiévale en dehors de 2 pierres tombales de nobles dames. Elle fut reconstruite au XVIème siècle en granit de Bécherel et Languédias, elle comporte aussi des modillons en calcaire du Quiou. L’église est dédiée aux trois Marie : Marie Madeleine, Marie Jacobé, Marie Salomé.

Autel de l’église de Cardroc classé Monument Historique depuis 1986. Le relief de cet autel, venant des Iffs, représente la bonne mort de saint Joseph. Il s’accorde bien avec les trois retables nerveux et colorés dessinés par l’abbé Brune en 1861.

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Une maison de tisserand typique de la commune de Cardroc : Le pays de Bécherel dont Cardroc, traditionnellement connu pour la prospérité de l’activité toilière, La commune était traditionnellement productrice de toile, activité qui connut une période de forte prospérité

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au cours du 18e siècle : le patrimoine bâti en porte la trace, qu’il s’agisse de l’a permis la construction de maisons aux façades imposantes, avec corniche à modillons sculptés et portant une marque de marchand gravée à l’extérieur ou à l’intérieur du logis comme c’est le cas ici.
Au XVIIIe siècle, la Bretagne comptait 25 000 tisserands qui ont contribué à la prospérité de la région, grâce au commerce de leurs toiles de lin et de chanvre.architecture religieuse, des croix de chemin ou encore des maisons rurales ou du village. Cette activité qui mobilisait de nombreux tisserands en campagne, connut un revers brutal au début du 19e siècle à cause du blocus anglais puis une véritable déroute un peu plus tard sous l’effet de la concurrence des usines du Nord de la France et de l’étranger qui travaillaient le coton.

Détail de la cheminée de l’ancien presbytère Cardroc : Désormais maison d’habitation, l’ancien presbytère est bâti par Joseph Pépin, recteur de la paroisse de 1880 à 1898, également à l’origine des restaurations de l’église. Sur les souches de cheminée sont visibles les noms des prêtres de l’époque ainsi que ceux des entrepreneurs qui participèrent à la construction.

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Calvaire La Croix Boissée Cardroc : Situé dans la partie la plus ancienne du bourg, ce calvaire, aussi appelé « petit cimetière », rappelle les premiers lieux de sépulture liés à l’origine de la paroisse. C’était encore très récemment un lieu de procession des fidèles à l’occasion des principales fêtes religieuses.

Maison avec porche La Croix Boissée Cardroc (détail) : Située dans le village d’origine, cette maison est sans doute un ancien manoir. Le porche est muni d’une fenêtre grillagée, d’une corniche à modillons et d’une ouverture principale, à laquelle est adjointe une petite porte. Le village de La Croix-Boissée, constitué d’un ensemble de maisons anciennes présentant voûtes, cintres et têtes sculptées sur les cheminées, constituait à l’origine le bourg de Cardroc, l’église étant située au milieu des champs

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Exemple de maison La Croix Boissée Cardroc : Ce type de double ouverture est caractéristique de l’habitat du pays de Bécherel. Elle correspondait, la plupart du temps, à l’entrée des humains d’un côté, du bétail de l’autre. Parfois, elle était aussi adaptée à la cohabitation de deux familles (souvent frères et soeurs). La salle commune avec vaisselier, cheminée monumentale et poutres à fortes sections a gardé son aspect d’origine. L’entrée, dans la cour de cette exploitation agricole, se fait par un porche autrefois surmonté d’un grenier.

Ferme des Haies – Les Hayes à Cardroc : ferme-des-haies-porche-cardrocL’ancien manoir de La Haie était situé à 800 m du bourg et son nom signifiait « propriété close de haies ». La porte et la fenêtre sont des ouvertures typiques des maisons du pays de Bécherel. Le manoir conserve un porche important encadré de deux bâtiments. Un puits à margelle ronde couvert d’un toit en ardoise conservant son système en bois ainsi qu’un fournil et son four complètent l’ensemble.

Ancien manoir de Trédebert à Cardroc : Cet ancien manoir est reconverti en ferme. Une tour ronde abrite un escalier en bois en colimaçon. Des latrines intérieures ont été astucieusement aménagées dans un recoin de la tour.

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Maison Place de l’église Cardroc : Construite par des artisans locaux, cette maison particulière située face à l’église abritait un bistrot. Sa particularité réside dans la faîtière d’origine, de très bonne facture. Seules les quatre roses qui existaient aux extrémités ont disparu avec le temps. Les tirants qui retiennent les cheminées portent à leurs extrémités les initiales du fondateur de la maison.

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Source : www.topic-topos.com

Cardroc et son histoire

Et pour finir un peu d’histoire sur l’histoire du lin et du chanvre en Bretagne qui ont tant marqué notre commune : Il n’y a pas d’activité industrielle avant le XVIIIe siècle sur le territoire de notre département  alors essentiellement rural. Seul, l’artisanat textile se développe, pratiqué par les paysans et les journaliers qui tissent à domicile, pendant l’hiver. C’est une activité subsidiaire mais cependant elle représente une part importante des revenus des paysans tant ceux-ci sont pauvres… D’ailleurs, au XVIIIe siècle, ne disait-on pas, à Quintin,: « qui n’a pas de lin, n’a pas de pain. » En effet, toute la famille participe à la fabrication de la toile, depuis la culture du lin jusqu’au tissage. A Merdrignac on tisse à partir du chanvre. Ces toiles, appelées « Oléron » (comme celles de Pouldavid ou de Locronan), sont utilisées pour la fabrication des voiles. Elles sont exportées au XVIIe siècle vers l’Angleterre, la Flandre, la Normandie. Les guerres de la Ligue d’Augsbourg et de la succession d’Espagne, entre 1689 et 1713, interrompent ce commerce florissant. Les tisserands trouvent un autre débouché en fournissant les navires de Lorient appartenant à la Compagnie des Indes, et la flotte militaire basée à Brest.

La fabrication des toiles de lin dites « Bretagnes » se concentre dans un triangle Quintin-Moncontour–Loudéac, avec des centres réputés comme Uzel, Mûr, Plémet… Ces toiles, beaucoup plus fines, sont utilisées pour fabriquer les vêtements et la lingerie de luxe (coiffes, manchettes… pour les plus fines, chemises, mouchoirs pour les autres), ainsi que des toiles à tamis. Cet artisanat est déjà prospère au XVIe siècle. Cependant le manque de réglementation sur les dimensions ou la qualité – ou son non-respect – attire quelques difficultés aux marchands, notamment à Guingamp vers 1630. Plusieurs règlements sont ainsi élaborés entre 1676 et 1736, sous forme de lettres patentes royales « portant règlement pour la fabrique des toiles de Quintin, Morlaix et autres villes de Bretagne ». Le pouvoir royal crée également les « registres de marques » servant à l’inscription et à l’identification de tous les tisserands qui doivent apposer leur marque sur leur production.
La principale destination de ces toiles est l’Espagne et ses colonies d’Amérique. On estime que les « Bretagnes » ont rapporté, en 1686, 3 750 000 livres pour 4 215 balles livrées, alors que les « Créés » de Morlaix, par exemple, n’ont pas dépassé 1 420 000 livres. C’est donc la plus importante production toilière de Bretagne. En 1712, on dénombre 600 métiers à tisser à Quintin, une centaine à Uzel et environ 50 à Loudéac, mais il ne faut pas oublier les centaines d’ateliers domestiques dispersés dans les campagnes : environ 3500 recensés en 1763. Un contemporain a estimé que cet artisanat faisait vivre 35 000 personnes, hommes, femmes et enfants sur un territoire de 40 paroisses situées au sud de l’évêché de Saint-Brieuc.
De nombreuses étapes de traitement sont nécessaires entre le lin sur pied et l’embarquement des balles de toile blanche à Saint-Malo, Morlaix ou Nantes. La graine est achetée dans les pays du nord de l’Europe puis ensemencée. Le lin cultivé dans le Trégor est réputé pour sa beauté et sa souplesse. Récolté en été, on commence par séparer la graine de la tige de lin, puis on lui fait subir un « rouissage » c’est à dire une fermentation dans l’eau qui a pour effet de détacher la fibre textile du reste de la plante. Après séchage, le lin est teillé, autrement dit, broyé, afin d’assouplir les fibres et d’en enlever la gomme. Les ballots de lin sont ensuite acheminés jusqu’aux fabriques où ils sont filés par les femmes puis tissés par les hommes. Les pièces fabriquées mesurent au moins 5 aunes (l’aune vaut 1,35 mètre) jusqu’à 55 aunes maximum. Elles sont de trois quart ou de petite laize, c’est-à-dire de 35 ou 25 pouces de laize (large). Le tisserand se rend ensuite au marché le plus proche pour négocier sa toile. Plusieurs centaines de tisserands se retrouvent pour faire estampiller leur toile au bureau de marque et trouver un acheteur parmi les trois ou quatre cents marchands de la région. Ce commerce est à la base de la prospérité des villes de Moncontour, Quintin, Uzel dont les belles demeures témoignent encore aujourd’hui de l’aisance matérielle des gros marchands de toiles du XVIIIe siècle. Ces villes sont alors comparables à Saint-Brieuc sur le plan fiscal.
L’étape suivante est le blanchissage de ces toiles brutes, c’est une opération qui dure de 2 à 4 mois. Les toiles sont mises au trempage dans de grandes cuves en bois remplies d’eau mêlée à de la cendre. Les toiles sont ensuite empesées et prêtes à être empaquetées en balles. Les marchands accompagnent habituellement leur marchandise jusqu’au port d’embarquement, le plus fréquenté étant Saint-Malo qui concentre environ 80 % du trafic.

Source http://archives.cotesdarmor.fr/uploads/fichiers/quintin.html